Ce qui peut être sauvé

Ce qui peut être sauvé – 2022 – 210 x 120 x 90 cm – Corail, Bois de Cythère, lames de fer

Cette grande sculpture n’aurait jamais dû exister. Être tentée. D’ordinaire, on ne travaille pas avec un bois sec, faible, abimé. Ce n’est pas « rentable », « durable ». Mais j’ai fouillé ce tronc à la main pour en enlever tout le bois pourri, tout ce qui était déjà mort, pour aller jusqu’à « ce qui peut être sauvé ». Et ensuite j’ai tenté de le réparer, pour le remettre en marche, avec les trésors de précaution nécessaires pour souder des lames de fer sur un bois sec qui se consume au moindre contact avec le feu. Plus d’une fois j’ai failli brûler « ce qui peut être sauvé », avec une industrie inadéquate, inadaptée, trop lourde. J’ai rompu l’équilibre. Il était de nouveau en mouvement, mais il tombait. Il a fallu réparer l’équilibre, plutôt que de le fixer sur un socle comme on coule les pieds de quelqu’un dans le béton, conscient cette fois-ci de devoir réparer tous les équilibres, et que toute réparation est une modification lourde, que toute préservation est au prix de changements définitifs.

« Ce qui peut être sauvé » est un bigidi permanent. Bigidi est un mot créole qui signifie « chanceler »