0   /   100

LES AMÉRINDIENS

LES PREMIERS OBJETS ANTILLAIS
Les premières traces de civilisation aux Antilles Françaises remontent de 5000 à 3000 ans avant JC mais il reste très peu de vestiges (haches rudimentaires, éclats de silex) de ces premiers indiens. Les premières traces de populations sédentaires et organisées sont apparues aux petites Antilles environ 400 ans avant le début du premier millénaire venant du détroit de l’Orénoque et des côtes vénézuéliennes. L’île de Saint-Martin comporte de nombreux sites archéologiques de grand intérêt  et forts anciens, notamment celui de Hope Estate.

A partir du XIème siècle, les caraïbes, guerriers et anthropophages, ont peu a peu remonté les Petites Antilles et décimé la civilisation pacifique des arawaks. Ce fut la théorie des premiers historiens, basée sur des styles céramiques qui auraient radicalement changé, théorie aujourd’hui abandonnée par l’archéologie moderne : les périodes concernant les petites Antilles sont nommées Méso-Indien (ou âge archaïque) antérieur à 500 avant JC, le Néo-Indien (ou âge céramique) de 500 avant JC à 1500 et la période historique (après l’arrivée de Colomb).  

Les amérindiens fabriquaient leurs outils en pierre ou en lambi (strombus gigas) qui étaient taillés puis polis. Ces outils étaient ouvragés pendant de longues heures dans des polissoirs. Certains indigènes avaient un caractère apathique dû à la coutume qui voulait que –selon les critères esthétiques de cette civilisation- le nouveau-né avait le front aplati par sa mère au moyen d’une planchette appuyée fortement jusqu’à la déformation désirée. Le front fuyant avait donc touché la partie active du cerveau donnant des capacités aux amérindiens à pouvoir rester des heures durant à ne rien faire ou à exécuter des tâches fastidieuses et répétitives telles que le polissage d’outils. Leurs réalisations étaient d’ailleurs de très grande qualité esthétique et de forme géométriquement proche de la perfection.

Les polissoirs étaient creusés à force de frottement en général au bord des cours d’eau dans d’énormes blocs de rochers impossibles à déplacer. De plus rares exemplaires étaient réalisés dans de plus petits blocs et devenaient de fait transportables. Ils pouvaient être biface : le recto comportant un seul creuset concave destiné au polissage des haches et le verso –en plus du creuset concave- doté d’un creuset fusiforme qui permettait le façonnage des outils de plus petits formats.         

L’essentiel des instruments de cuisine étaient réalisés en poterie souvent décorée, peinte ou ciselée de très belle qualité. Les bordures des plats étaient souvent ornées de figurines anthropomorphes ou zoomorphes appelées « adornos ». 

La cueillette, l’agriculture et la pêche étaient leurs principales ressources. Les Arawaks consommaient énormément de manioc et de nombreux fragments de platines à manioc ont été retrouvés sur les sites archéologiques. Les platines étaient constituées d’une grande assiette de 50 cm de diamètre supportée par trois trépieds, le tout en poterie et déposé sur les braises. 

COLLECTION DU MUSÉE

HACHE A OREILLES

Les haches précolombiennes étaient réalisées en pierre polie ou encore en lambi pour les herminettes.

DATATION ESTIMATIVE : huécan saladoïde (-500 à 0)

POLISSOIR

Forme concave creusée dans la pierre à force de frottement pour polir les outils précolombiens. Les polissoirs étaient en général situés dans le lit des rivières et creusés sur de gros blocs rocheux. D’autres, de plus petite taille, étaient transportables. Ils étaient alors parfois bifaces, chaque face ayant une ou plusieurs cupules de forme et de taille variant selon les objets que l’on y polissait. Les arawaks avaient pour critère esthétique le fait d’avoir le front fuyant. Pour arriver à cette déformation de la boîte crânienne, les femmes compressaient le front des nouveaux-nés au moyen d’une planchette. Cette compression affectait certaines fonctions du cerveau et donnaient aux arawaks une propension à l’apathie. Ils étaient capables de polir des objets mêmes usuels pendant des heures ce qui rendait un fini exceptionnel.

DATATION : 0 - Vème siècle

ADORNO 2 TÊTES

Au deuxième millénaire avant J.-C., a émergé dans le bassin de l'Orénoque, une tradition agricole fondée sur la culture des tubercules dont le manioc. Ce changement économique majeur s'est accompagné de l'apparition de la poterie. Les populations ont un mode de vie sédentaire et vivent rassemblés en villages.

Vers 1500 av. J.-C., des communautés villageoises quittent le haut du delta de l'Orénoque, région du village actuel de Saladero, pour descendre vers l'embouchure du fleuve. Vers 300 av. J.-C., ces Indiens baptisés "Saladoïdes", sont installés à Trinidad et envahissent progressivement l'archipel des Petites Antilles, en passant par la Grenade.

Leur développement aura lieu du début de notre ère jusqu'en l'an 800. Ils occupent la Grande-Terre : le site de Morel au Moule, l'anse à la Gourde à Saint-François, la Pointe des Pies et la Basse-Terre : Grande-Anse à Trois-Rivières, l'allée Dumanoir et l'habitation Duressy. A Marie-Galante, ils laissent des traces de leur passage à Folle-Anse (photo "adorno anthropomorphe"), Taliseronde, Anse Coq.

Leurs céramiques se caractérisent par des décors peints et incisés, des formes de vases variées et complexes avec des adornos, figurines modelées sur les bords.                    

A Porto Rico et dans le nord des Petites Antilles, les découvertes récentes de céramiques anciennes, d'un style différent, dénommé Huecan saladoïde (du site de la Hueca où furent trouvés de nombreux vestiges), perturbent le schéma classique d'une expansion homogène de la culture saladoïde depuis le Venezuela. Les poteries du style de la Hueca offrent une variété de formes limitée, avec des motifs décoratifs curvilinéaires, remplis de pointillés ou d'incisions croisées, et des adornos zoomorphes. Ces populations "huecoïdes" fabriquent des parures de pierres vertes, des aventurines. Ils séjourneront dans l'île de Vieques proche de Porto Rico (la Hueca), mais aussi en Guadeloupe à Morel (au Moule), à Gros Cap en Grande-Terre, à Folle-Anse et Taliseronde à Marie-Galante, à Saint-Martin (Hope Estate).

Un important site huecoïde a été découvert à Basse-Terre dans le cadre d’un projet de construction d'immeuble dans le port. Une fouille préventive a permis de découvrir un site amérindien exceptionnel. L'adorno est une figurine zoomorphe ou anthropomorphe qui décorait les poteries précolombiennes. Celui-ci est particulièrement rare car à double tête et à double lecture (un autre visage apparaît lorsque l'on tourne l'objet à 180°.

DATATION : huécan saladoïde (-500 à 0)

Animal shape or human shape statuette decorating pre-Columbian potteries (arawaks and caribs)  

EST : cedrosan saladoïd (0-850)

GRENOUILLE JADÉITE

Amulettes (grenouilles)

La grenouille, symbole de la fécondité, est une représentation récurrente dans l'univers précolombien. La jadéite dont elles sont composées est inconnue aux Petites Antilles et provient des Côtes vénézuéliennes, plus exactement du détroit de l'Orénoque, berceau de la civilisation amérindienne des Petites Antilles. Parfois composante de colliers funéraires avec la perle en améthyste qui les accompagne, la provenance, le matériau et  les pouvoirs qui leur étaient conférés placent ces objets d'une grande rareté au sommet des artefacts cultuels avec par exemple les trigonolithes (pierres à 3 pointes)

DATATION : huécan saladoïde (- 500 à 0)

PERLES EN LAMBI ET EN JADÉITE

Perles et ébauches de perles

Les perles pouvaient être réalisées en pierre, en lambi ou plus rarement en améthyste ou en jadéite.

La technique de réalisation était par polissage et le trou tronconique était percé par un foret en obsidienne




POLISSOIR À PERLES

Forme creusée intégrants des canaux permettant le polissage des perles en lambis, pierre ou améthyste.

HACHE MINIATURE

Hauteur 6 cm. Objet cultuel ? Jouet ?

DATATION ESTIMATIVE : huécan saladoïde (-500 à 0)




ADORNO ANTHROPOMORPHE

Figurine zoomorphe ou anthropomorphe qui décorait les poteries précolombiennes. Folle Anse de Marie-Galante

De 850 à 1200 TROUMASSAN SALADOIDE

PROPULSEUR DE SAGAIE

Réalisé dans la lèvre du lambi, ces propulseurs étaient fixés à la base la sagaie. Une cordelette passée dans l’encoche permettait d’augmenter la force de propulsion, démultipliant ainsi la vitesse et la distance de propulsion. Anse à la Gourde.

DATATION : cédrosan saladoïde (0-850)




ADORNO TAMANOIR

Figurine zoomorphe ou anthropomorphe qui décorait les poteries précolombiennes. Celui-ci semble représenter un tamanoir. 

DATATION : cédrosan saladoïde (0-850)

PIERRE À TROIS POINTES

Pierre à trois pointes

La pierre à trois pointes, ou trigonolithe, appelée également zémi dans les Grandes Antilles (civilisation taïno) était réalisée en lambis ou en pierre et faisait généralement quelques centimètres de long. Les zémis taïnos pouvaient dépasser les 40 cm et constituaient parfois de véritables chefs-d'œuvre sculptés, gravés et polis.

Le trigonolithe reste un objet énigmatique, à forte connotation religieuse, en rapport avec la fécondité agricole et à celle du genre humain. La pointe supérieure de la pierre fait penser au sein féminin, donc à l'allaitement et à la reproduction...