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LA RENCONTRE DES DEUX MONDES

A la fin du XVème siècle, les indiens Caraïbes règnent en maître sur l’arc antillais. Ils sont également connus sous le nom de Kalinagos ou Callinagos. Ils organisaient des expéditions, véritables raids vers les îles voisines et parfois jusqu’à Porto-Rico. Les ennemis rescapés étaient réduit à l’esclavage, les autres boucanés pour être dévorés.

Ces pratiques étaient toutefois exceptionnelles, la viande humaine ne constituant pas un aliment mais plutôt source de rituel dans lequel on s’appropriait la force du vaincu. Les villages étaient pillés et les outils et autres ustensiles de la vie courante emportés. 

En dehors de ces pratiques guerrières occasionnelles, les amérindiens  vivaient paisiblement de pêche, de chasse et d’agriculture. Les premiers contacts avec les aventuriers européens furent d’ailleurs relativement bons (Cf « Un aventurier dans la mer des Antilles ») et une économie de troc s’instaura. Les puissances colonisatrices vont pourtant imposer leur présence de plus en plus envahissante et réduire lors du traité de Basse-Terre en 1660 le territoire Caraïbe aux seules îles de la Dominique et de Saint-Vincent.

Nous devons à ces civilisations précolombiennes, un héritage patrimonial et de nombreux objets, de nombreuses plantes médicinales ou vivrières (maïs, igname, patate douce, ananas, piment,…), les techniques de cuisson du manioc et l’art de la vannerie. Certains objets et mots français ou créoles proviennent directement de leurs langues : hamac, carbet, ajoupa, coui,…




COLLECTION DU MUSÉE

OUTILS DU MANIOC

Le manioc une fois récolté devait être pressé (« gragé » en créole) au moyen d’une grage. La grage précolombienne était constituée d’un simple morceau de madrépore ou encore d’une planche de bois incrustée de fragments de silex. Dans la période coloniale le silex fut remplacé par des fragments de cuivre incrustés dans la planche de bois ou par des plaques de cuivre perforées et fixées sur cette même planche. Puis pour obtenir un meilleur rendement, on inventa les grages mécaniques au début entièrement en bois avec une grande roue centrale plaquée du même système de feuilles de cuivre perforées. 

Le manioc une fois gragé devait être pressé pour en extraire le suc nocif (l'acide cyanhydrique). Le amérindiens utilisaient une « couleuvre », sorte de grande gaine tressée de forme allongée en latanier. La couleuvre était suspendue à un arbre ; on attachait une grosse pierre à l’extrémité basse. L’objet s'allongeait, se rétrécissait, pressant la pulpe de manioc dont le jus s'écoulait.

Depuis la période coloniale, des presses mécaniques sont utilisées.

La pulpe une fois séchée était tamisée au moyen d’un ibichet (tamis en vannerie avec un cadre de bois) puis cuite sur une platine. La platine amérindienne était en poterie de forme circulaire et tripode. Puis les premières platines apparurent sur les plantations en cuivre martelé et riveté. Enfin, les chaudières à sucre dont la base était percée servirent de foyer ; leur sommet couvert d’un disque d’acier servait de platine.

Les autres instruments en bois servaient à étaler et remuer le manioc pendant la cuisson : « le rabot » avec son long manche enchâssé d’un demi sercle de bois. Et « le caret », sorte de spatule de bois dont le profil évoque la tortue caret servait à retourner les cassaves…



TESSONS CARAIBES

Le tesson est un mot créole signifiant réchaud à charbon ou barbecue. A l'origine amérindiens, ils étaient réalisés en poterie. 

On en trouve encore de nos jours dans certaines îles anglaises (Sainte Lucie ou la Dominique par exemple)

De nos jours, dans les îles françaises, ils sont encore fabriqués dans des bidons de peinture dans lesquels on coule une chape de béton. Une ouverture est pratiquée au bas du bidon afin de permettre le tirage et la retombée des cendres.

DATATION : XIXème siècle

EPEE DITE "A LA MOUSQUETAIRE"

Epée d’officier de marine

DATATION : XVIIIème siècle

 

GRAGE A MANIOC

Le manioc une fois récolté devait être pressé (« gragé » en créole) au moyen d’une grage. La grage précolombienne était constituée d’un simple morceau de madrépore ou encore d’une planche de bois incrustée de fragments de silex. Dans la période coloniale le silex fut remplacé par des plaques de cuivre perforées et fixées sur une planche de bois ou encore comme celle-ci enchâssée de bouts de cuivres.

DATATION : XVIII ème siècle




CARTE DE LA MARTINIQUE - 1683

Cette carte de 1683 présente le particularisme de préciser la partie Ouest de la Martinique comme étant “Demeure des Francois” et celle de l’Est comme “Demeure des Sauvages”.

Visscher Nicolas II Insula Matanino vulgo Martanico in lucem edita per Nicolaum Visscher cum privilegio Ordin : general : Belgii Foederati  à Amsterdam chez Visscher.

 

La carte est inspirée de celle de Sanson d’Abbeville et montre le partage physique et ethnique de la Martinique entre français et "sauvages" (le peuple caraïbe) intervenu en 1639 après de rudes échanges belliqueux dus au début de la colonisation française.

Sous l'administration du gouverneur du Parquet, les relations seront quand même qualifiées d'amicales, les uns et les autres s'entraidant volontiers. Ce partage cessera en 1659 par l’expulsion des Caraïbes qui se replient sur la Dominique et Saint-Vincent.

Nicolas Visscher a repris dans sa presque intégralité, les détails fournis par la carte de Sanson/Dutertre. Il a cependant apporté quelques modifications au contour général de l'île. Les sources disponibles en 1683 semblent relater une certaine richesse de la colonie, cette richesse trouve son aboutissement dans un profil qui apparaît avec un peu plus d'embonpoint. L'étang des salines est moins étendu que sur la carte de Sanson. Les Français occupent la Basse-Terre qui va approximativement de l’actuelle Basse-Pointe à Sainte-Luce.

 

La maison de Monsieur du Parquet "autrefois gouverneur" est indiquée. Dans la carte de Sanson, elle y était également signalée. Les magasins et les lieux où les "Poids du Roy" sont disponibles sont également positionnés. Les poids du roy garantissent aux colons des mesures officielles et garanties dans les échanges commerciaux (poids de sucre, de tabac appelé encore pétun, d’indigo, etc). La plupart des transactions commerciales de l'époque sont quantifiées en poids de pétun ou de sucre. L"Isle aux Loups Marins" nommé dans la carte de Sanson porte maintenant son nom : "Isle des Loups-Garoux".

Quelques habitations sont indiquées : habitation du monsieur Daragon, du sieur de Merville, et celle du sieur d'Oragne au fonds mouillage à Saint-Pierre. Actuellement existe le morne dit d'Orange à proximité du mouillage de Saint-Pierre, le graveur a certainement commis une inversion de lettre.

Les sauvages occupent la Cabesterre, les principaux lieux de regroupement (carbets, cases, etc) sont référencés comme dans la carte précédente de Sanson. Pour la Cabesterre sont indiqués la "Case de Caerman" ainsi que l’îlet de Caerman et la "Baye de Grimal" au Nord Est de l’île (l’îlet de Caerman correspond à l’actuel îlet Saint-Aubin, la Baye de Grimal à la baie de la Trinité), "le carbet du capitaine Pilote" (à Rivière Pilote). Les différentes cayes appelées "basses" sont très joliment dressées.

La toponymie de la colonisation a conservé les noms des principaux chefs caraïbes, "capitaines" ou "pilotes" en référence aux capitaines des navires européens. Dans le manuscrit de l'Anonyme de Carpentras qui relate le séjour d'un naufragé français à la Martinique quelques années avant le début de la colonisation française, sont mentionnés les noms de ces mêmes chefs caraïbes dénommés "capitaine Salomon" l’un des principaux de l’île", le capitaine Pilotte ou Pilote, le capitaine Louis ou Louys. La Rose (pointe La Rose) est également le nom d'un lieu occupé par un chef Caraïbe.

Les détails de la légende montrent les productions principales  de l’île de la Martinique. Le cartouche est entouré d’un faisceau de cannes à sucre et présente également deux pains de sucre coniques, des fruits tropicaux et des denrées tropicales (ballot de tabac ou d'indigo). La vocation sucrière de l'île qui prendra vraiment son essor au XVIIIe siècle est d'ores et déjà soulignée. Par contre la présence d’une dépouille de bison ou de buffle, semble relater une vision européenne du nouveau monde qui correspond davantage aux vastes plaines de l'Amérique du nord.





LELE

Ancêtre manuel du mixer, le lélé sert à toutes sortes de préparations culinaires et s’utilise par rotation rapide entre les deux paumes de la main.

Le lélé est un héritage amérindien.

DATATION : début XXème siècle



COFFRE RENAISSANCE

Fort probablement un meuble de port. Un rarissime meuble antillais de cette époque...

XVIème siècle